Numérique: la généalogie entre dans une nouvelle ère

Internet, avec les archives en ligne et les sites collaboratifs, a fait évoluer le monde de la généalogie. Mais les nouvelles techniques de data science et d’analyse d’images pourraient bien révolutionner la paléographie, et automatiser les recherches. Une nouvelle ère pour les généalogistes. Dans ce contexte, quel avenir pour la généalogie ? Et quel rôle pour le généalogiste ?

La généalogie me passionne. J’affectionne particulièrement de redonner la vie à tous ces ancêtres. La généalogie m’a autorisée à poser des questions indicibles à mes aïeux, m’a emmenée dans des salles d’archives pendant des heures, m’a fait voyager dans des régions que j’ignorais et même d’autres pays, en quête de nouveaux noms à ajouter à mon arbre, qui est aujourd’hui bien étoffé.

Depuis 30 ans que cette quête infinie me passionne, les techniques ont bien changé. Les archives se dématérialisent. Filae contient « quasiment 100% de l’état civil français du XIXe siècle ». Geneanet compte près de 2,7 millions d’actes numérisés. Sans compter Ancestry, leader mondial de la généalogie, ou l’œuvre titanesque que font les mormons. On parle même d’indexation collaborative. Aujourd’hui, on poste de son arbre en ligne sur plusieurs sites. Plus même nécessaire de chercher proactivement les noms, les logiciels les recherchent et vous les apportent sous forme d’alertes. On peut alors les intégrer automatiquement, ou pas selon le site, dans son arbre en ligne. Dernière nouveauté, les tests ADN qui pour une centaine d’euros et quelques gouttes de salive vous proposent avec un degré de probabilité des cousins éloignés.

Où cette automatisation s’arrêtera-t-elle ? La généalogie du futur se fera-t-elle automatiquement ? Rêvons un peu….

Les nombreux documents d’archives seront scannés massivement. Il ne faudra pas longtemps avant que des logiciels, programmés pour la paléographie (science des écritures anciennes), puissent lire et digitaliser ces archives. Une fois digitalisées, des logiciels intelligents pourront en extraire les informations et les indexer. Ils pourront ensuite rechercher l’ascendance et la descendance parmi les diverses bases de données, et enfin, les importer. Un processus mécanique, rapide et efficace.

Mais alors, que devient le rôle du généalogiste ?

Et bien justement, le généalogiste pourra se concentrer sur toutes les recherches qui n’aboutissent pas automatiquement. Que faire si un ancêtre a changé de nom, si l’acte BMS ou NMD n’existe pas, s’il faut rechercher dans une autre langue ou dans un autre pays, etc. L’intervention humaine sera encore nécessaire.

Le généalogiste familial pourra également se focaliser sur une spécialité de la généalogie, comme la généalogie biographique, la généalogie héraldique, la psychagénéalogie, ou encore la généalogie scientifique. Nombreuses sont les spécialités de la généalogie.

Quant au généalogiste amateur, il ne se détournera pas de sa passion, car les raisons conscientes ou inconscientes qui l’y ont conduit resteront : à la recherche de ses racines, pour percer un secret de famille, pour connaître son identité, pour se rapprocher d’un aïeul mort trop vite, par devoir de mémoire, pour se donner un sens. Le généalogiste amateur ne s’arrêtera dans sa quête car le chemin n’est pas sur un arbre en ligne, mais intérieur.

Alors, longue vie à la généalogie !

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